Elles sont bien belles les femmes de Selwa Ben Saïd. «Esclaves» ou princesses, magiciennes ou déesses, houris ou odalisques, elles dansent, chantent et rêvent dans un eden de douceur, de luxe et de volupté. Drapées des sept voiles de Salomé, dans des palais des Mille et une nuits, elles nous racontent des histoires oubliées, des contes rêvés, des légendes inventées.
Mais cet univers imaginaire où nous entraîne le peintre est aussi celui d’une grande maîtrise artistique. La précision du trait, le sens du détail, la fidélité des reproductions des décors sont ceux d’une miniaturiste. L’élégance des attitudes, la richesse des costumes, la somptuosité des parures, par contre, sont celles de la styliste modéliste qu’elle fut dans une autre vie.
Selwa Ben Saïd vit et travaille dans une maison du XVIIIe siècle, au cœur de la Médina, maison de caractère articulée autour d’un patio, riche de souvenirs, de collections d’objets, de tableaux d’amis. Peut-être que si elle avait habité à El Menzah, et travaillé au centre- ville, son regard aurait été différent. L’univers mental influe certainement sur le travail du peintre, colore sa touche, libère son imaginaire. Et, pour rien au monde, Selwa Ben Saïd n’aurait changé de décor, ni n’aurait oublié ses « regards de femmes».
Les œuvres présentées dans cet ouvrage s’étalent sur une dizaine d’années. On en a patiemment gardé la mémoire, imaginé la maquette, choisi le format, le papier, la jaquette pour en faire un livre d’art. Ce qui, en ces temps difficiles, nous manquait cruellement.
